Á Toulouse, soixante trois ans après la mort de Carlos Gardel, la Garonne et le Tango coulent toujours…
Alors rien d’étonnant à ce que trois citoyens de la « Ville Rose » aient voulu explorer à nouveau l’univers musical du Zorzal.
Autour de la voix, pour mieux symboliser ce désir de retour aux sources, l’invit´ée d’honneur de ce disque est un vieille demoiselle espagnole arrivée au Río de la Plata avec les conquistadors : la Guitare ou Viola telle qu’on la nomme affectueusement là-bas.
Tour à tour, compagne du gaucho dans sa solitude, muse aiguillonnant la verve des payadores, elle est la fée qui se penche sur le berceau du tango nouveau-né. On peut dire qu’elle en est l’instrument fondateur et ce, bien avant le bandonéon… Carlos Gardel, lui-même, n’avait-il pas déposé sa voix d’or dans cet écrin lors de ses premiers disques ?
D’autres chanteurs légendaires comme Edmundo Rivero reprendront cette formule pour la mener à des sommets de raffinement esthétique.
Mais peut-on évoquer la guitare « tanguera » de Buenos Aires sans nommer Roberto Grela, qui, dès les années quarante jusqu’à sa mort début 90, a réinventé la façon de jouer le tango sur cet instrument. Les connaisseurs se souviennent de harmonisations subtiles, de son phrasé si personnel aux côtés de monstres sacrés tels Anibal Troilo, Ruben Juarez, Eladia Blasquez, Nelly Omar, Susan Rinaldi, Alberto Marino, Miguel Montero… Tout le travail guitaristique de Ganzúa Trio se réclame modestement de cette école unique en son genre.
Au delà du légitime hommage rendu à Carlos Gardel (Volver, Por una cabeza), le répertoire de Ganzúa Trio souhaite restituer des scènes de vie porteñas. Que ce soit au travers de la description d’un bistrot (Un boliche), des commentaires sardoniques de l’homme brisé (Las Cuarenta), d’un regard d’enfant face à l’effroi provoqué par la mort de Gardel (Don Carlos de Buenos Aires), le tango est présent à chaque instant, passionné, nostalgique et éternel.
Écoutez plutôt…
V. Rojas